jeudi 1 août 2013

Au plus profond de l’être



Un soir, en rentrant de chez moi après une bonne pratique d’Aïkido, après la sensation agréable que procure une bonne douche, sensation que les sportifs ou pratiquants de budô connaissent bien. Assit tranquillement sur le canapé, devant la télé, je prends conscience d’un état que je ne connaissais pas.

Ma respiration est pure, nette, fluide, fraîche, bonne, rythmée. Je l’entends circuler comme dans un tuyau d’air, depuis sa source profonde, noire, sans limite. A chaque inspiration je puise dans ce puis profond sans limite, bondé d’air frais, comme à chaque expiration, j’expire vers ce même puis profond sans limite.
L’air respiré est riche. Il me comble. En ces moments, je n’ai besoin de rien d’autre que de respirer. Comme si respirer suffisait à vivre. Cet état qui ne disparaît pas malgré la prise de conscience, peut durer environ une dizaine de minutes, me laissant tout le temps de profiter, de m’émerveiller.


Grâce à l’Aïkido, j’ai donc découvert une facette de mon existence que je ne connaissais pas. Je suis très motivé à revivre cette expérience qui bien que peu fréquente, se répète souvent après une bonne pratique d’Aïkido. Cet état de calme, de paix, de plénitude qui vient naturellement de lui-même, je vous le souhaite vivement.

mercredi 20 juin 2012

Accepter la technique




Durant la période de préparation[1] de mon passage de grade (3e Dan), mon professeur Bernard Palmier m’avait fait une remarque. Il me demandait d’être constant en tant qu’Uke. En effet il paraît que de temps en temps, je bloque Tori sans raison valable. Cette remarque m’a fait réfléchir sur ma pratique d’Aïkido d’autant que ça n’était pas la première fois que je l’entendais. Je me suis demandé pourquoi j’agissais ainsi.
Ma première réponse à cette auto analyse fut que des fois Tori ne faisait pas bien sa technique. C’est pourquoi je le bloquais question de lui faire comprendre.
Cette première réponse ne m’était pas satisfaisante car je sentais que je ne voulais pas voir la réalité d’en face. J’ai dû encore creuser pour me rendre compte que des fois mon esprit vagabondait, ce qui coupait la relation avec Tori et par conséquent bloquait la technique. Le fait d’être distrait causait donc ce manque de constance dans l'acceptation.
La pratique de l’Aïkido nécessite qu’UKe et Tori soient présents ici et maintenant pour exécuter la technique ensemble. Une déconnexion mentale de l’un se ressentira immédiatement sur la globalité de la technique. C’est pourquoi j’ai donc décidé conformément aux remarques qu’on m’a faîtes, de mieux accepter la technique. Cette acceptation nécessite d’être toujours à l’écoute de Tori de telle sorte que même s’il ne réussit pas sa technique, qu’on comprenne son intension et qu’on l’accepte finalement sans opposition. Cela rend la pratique plus agréable et plus fluide pour Uke et Tori. 
Mais il peut arriver que Tori et Uke souhaitent avoir une pratique très réaliste. C'est-à-dire qu’Uke ne réagira que s’il se sent vraiment concerné. Dans ce cas, l’acceptation doit se faire suite à une action franche de Tori. C’est une autre façon de pratiquer qu’on retrouve le plus souvent entre gradés. Mais l’essentiel, c’est-à-dire la relation entre Uke et Tori reste présente.
Le travail sur l’acceptation constante de la technique ouvre un autre chantier sous jacent qui est celui de l’écoute. Ce dernier est une qualité que je m’efforce à développer. Le fait d’être constant dans l’acceptation m’oblige donc à écouter attentivement Tori afin de comprendre son intension. Ce cas est donc un exemple typique de l’Aïkido dans le développement personnel.  


[1] Préparation c’est trop dire puisqu’on y pratique l’Aïkido. On peut dire que c’est une période où on fait plus attention à certains détails afin de mieux pratiquer par la suite.

vendredi 8 juin 2012

Irimi tenkan comme élément clé de la technique




Irimi Tenkan est un déplacement clé de l’Aïkido. Lorsqu’il est bien exécuté, la technique a pratiquement toutes les chances de réussir.
Une réelle prise de conscience de ce déplacement peut améliorer sa pratique et donner un sens logique et martial au geste.
Bien qu’ayant acquis les fondamentaux d’Irimi Tenkan, je me suis rendu compte que je n’y pensais plus au fil du temps parce que je le considérais comme étant un acquis. Mais c’est une erreur parce que bien souvent, je ne sentais pas les techniques que j’exécutais. Même si mon partenaire était plutôt conciliant, et que finalement il acceptait la technique, je savais qu’il manquait quelque chose d’important. C’est alors que j’ai décidé de m’entraîner en répétant des dizaines de fois le déplacement Irimi Tenkan, ainsi que sa variation Irimi Enka.
En très peu de temps, j’ai retrouvé des sensations qui ont redonné un sens à ma technique. Mes déplacements étaient mieux marqués parce que j’en avais pleinement conscience. J’étais fort dans mes hanches et j’avais une meilleure stabilité.
La technique pouvait mieux s’exprimer parce que je lui fournissais un support solide.
Irimi Tenkan était donc un élément clé indispensable dans la construction des techniques qui en nécessitent.      

mardi 15 mai 2012

Le contrôle de l’axe





Mon professeur ne cesse de le rappeler: "Il faut contrôler l’axe du partenaire". Le contrôle de l'axe est un préalable pour bien exécuter les techniques d’Aïkido. L’Aïkido repose sur le principe de sphéricité qui vise à exécuter les techniques en cercle ou en spirale. Cela suppose qu’il y ait forcément un axe autour duquel les techniques s’exécutent. Le contrôle de l’axe devient donc un principe très important car il devient garant de ce principe de sphéricité cher à l’Aïkido. Pour contrôler l’axe du partenaire, il y a tout un travail de construction  et de déconstruction à faire. C'est ce que nous allons voir dans les lignes qui suivent.


La déconstruction


Il faut déconstruire certains acquis afin d’adopter de nouveaux. Par exemple, nous avons pour habitude de nous protéger ou de fuir lorsqu’on subit une attaque. Prendre pour habitude d’avancer pour contrôler l’axe du partenaire malgré la pression de l’attaque demande de nouvelles aptitudes et attitudes qui ne peuvent survenir qu’après une véritable déconstruction mentale. Cela se ferra au fil des années, après des milliers de répétitions. La patience et la persévérance sont donc de rigueur.


La construction


Il faut-être déterminé et précis pour contrôler l’axe du partenaire. Le contrôle de l’axe nécessite un engagement du corps. C’est-à-dire plutôt que de subir une attaque, il faut aller vers elle, il ne faut pas la fuir. Cela demande de ne pas avoir froid aux yeux, d’avoir confiance en ses capacités. On flirte ainsi avec le danger puisque qu’on passe à quelques millimètres près de l’attaque. C'est donc un exercice de précision. Seule la détermination permet de s’engager sincèrement malgré le risque encouru. Mais cela demande à avoir confiance en soi (à ses capacités). Avoir confiance en ses capacités va demander à connaître ses techniques, sinon pourquoi contrôler l’axe du partenaire quand on ne sait pas ce qu’on va faire par la suite ? Le pratiquant doit connaître ses techniques, c’est ce qui va développer sa détermination, et par conséquent ferra que le contrôle de l’axe se fasse entièrement. Car si on a un manque de connaissance sur la technique à exécuter, on serra plutôt focaliser sur comment la faire au lieu d'être présent ici et maintenant. Le résultat sera l'exécution d'une technique sans détermination ayant pour conséquence un mauvais contrôle de l’axe du partenaire. La technique sonnera creux, car vide de contenu, et dans le pire des cas, mettant en danger le partenaire ou soi même.


Le résultat


Une fois les opérations de déconstruction et de construction effectuées, l’axe imaginaire prend vie et se matérialise. Le pratiquant prend conscience de son effectivité. Il devient réel au point qu’on a l’impression de pouvoir le manipuler, en y mettant par exemple plus ou moins de pression, en le localisant ou en le fixant quelque soit le mouvement du partenaire. C’est en ce moment que l’Aïkido devient un art vivant et trouve également toute son efficacité martiale. Ainsi le pratiquant devient confiant, développant des qualités tels que le courage, la précision, la patience et la persévérance. Car c'est ces qualités que demande la maîtrise du contrôle de l'axe du partenaire. Des qualités qui vont au-delà la technique, des qualités qui embrassent la vie en elle-même.

mercredi 9 mai 2012

Le passage de grade





Le passage de grade est le moment de se recentrer sur les techniques et les principes appris durant toute la pratique.
Parce qu’on a pour objectif de passer un examen, on est plus concentrer, on fait plus attention aux détails techniques. Cela nous permet d'être plus rigoureux et donc à discipliner l'esprit.

Le passage de grade nous met sous la contrainte d’un système de notation que nous connaissons depuis notre enfance. Cela nous pousse à fournir un effort, à donner plus que d’habitude dans la pratique. 
C’est un projet en soi qui a une date de début et une date de fin. Le livrable étant l’obtention du grade. Mais le passage de grade ne doit pas être une fin en soi. Cela doit-être un moyen qui nous aide à avancer dans la voie. Car le plus important dans le passage de grade c’est la démarche. C’est cela qui fait progresser.

Je me souviens qu’après mes passages de grade, je me sentais grandi mentalement et techniquement. Il y avait un changement dans ma pratique au vu des témoignages de mes amis Aïkidoka.
Il y avait donc eu une démarche qui a contribué à consolider mes acquis afin que je puisse appliquer les principes d’Aïkido plus librement. Mais si jamais on souhaite passer un grade alors qu’on n’a pas les acquis nécessaires, le passage de grade ne sera pas d’une très grande utilité puisque en ce moment, elle visera à acquérir ce qui nous ait nécessaire, par exemple la forme d’une technique, plutôt que le fond. Et même si elle nous permettait d’acquérir le fond d’une technique, il n’y aurait pas eu le temps de le consolider afin que cela devienne plus naturel en nous. Donc dans ce cas où le pratiquant n’a pas le niveau requis, le passage de grade va le permettre de grandir sans pour autant assurer son obtention.

Le passage de grade est donc un bon moyen de progresser dans la voie. C’est un moment privilégié pour se recentrer dans la pratique. Sa rigueur nous permet de progresser, ouvrant ainsi la porte à une nouvelle dimension.  

lundi 23 avril 2012

Le vide en soi comme but



D’après les grands maîtres d’art martiaux, on ne peut prétendre le titre de maître que si on arrive à l’état de vide véritable. C’est un état qui permet de s’unifier, parait-il, avec tout ce qui nous entoure, avec l’univers tout entier. C’est l’état désiré des stratèges car il permet d’avoir une source d’inspiration infinie.
Lorsqu’on atteint cet état, on le sait par soi même paraît-il. Et cela peut se voir par son attitude. 

Dans la pratique martiale, on y arrive lorsque son corps et son esprit sont intégrés. L’exécution des techniques semblent transcender le temps. Elle se fait à l’instant, sans retard ni avance, quelque soit la position. Le pratiquant donne l’impression d’anticiper toutes les attaques, de garder toujours le contrôle.

La technique usuellement recommandée pour atteindre cet état est la pratique de la méditation. Or il se trouve que l’Aïkido c’est la méditation active. C'est-à-dire que la pratique de l'Aïkido est déjà une forme de méditation bien qu'on y bouge constamment. En pratiquant régulièrement l’Aïkido, il est donc possible d’atteindre cet état de vide. Mais en ce qui me concerne, je préfère me référer aux enseignements de Morihei Ueshiba qui recommande de méditer régulièrement.
Donc par effet de sommation, allier sa pratique d’Aïkido à une méditation régulière peut contribuer à atteindre un état de vide plus rapidement qu’une pratique pure et dure.                     

L’inhibition de la violence



Comme tout le monde, il y a des choses qui m’énervent dans le train quotidien. Or s’énerver c’est se décentrer, c’est jouer le jeu de l’autre qui nous amène dans sa sphère de façon consciente ou inconsciente. Lorsqu’on retrouve ses esprits, on est un peu dégouté de s’être laissé emporté.
Je reconnais qu’il est très difficile de garder la maîtrise de soi lorsqu’on est touché à un point sensible. Mais en pratiquant régulièrement l’Aïkido, je me suis rendu compte que j’étais souvent incapable de m’énerver même quand j’avais toutes les raisons de l’être. C’est impressionnant comme sensation. Je me dis intérieurement qu’en temps normal, je serai fou de rage, mais ce feu ardent qui anime la nervosité semble pourtant bien étouffé voir éteint. C’est incroyable parce que je le sens réellement. Il m’arrive même de regarder mes mains et de me dire « ben dis-donc ! ». Ainsi, si je décide de réagir, c’est bien en toute lucidité et non par impulsion. Je reste le maître à bord.
L’Aïkido est donc un bon moyen de se contrôler, d’inhiber la violence en soi.